Une étrange file indienne

Mike Walter n’était pas le seul employé de USA Today, le quotidien le plus distribué aux USA, à avoir assisté à la scène : au total, six d’entre eux étaient sur la route 27, vers le siège du journal, situé à 3 km du Pentagone, lorsque survint l’attentat.

Il peut paraître étrange que 6 personnes de la même société, se soient trouvées sur une même portion d’autoroute longue de 200m, sur le trajet de leur bureau, toutes également en retard (9h37)[1]. Cette route était certes largement empruntée par ces employés, mais leur concentration sur une si courte portion et l’horaire tardif sont apparus suspects aux yeux de certains enquêteurs. Ce point a fait l’objet d’une enquête spécifique du CIT, présentée dans The USA Today Parade.


 

La figure suivante présente les positions des 6 témoins de USA Today sur la route 27.

 

Position estimée d’après les témoignages (travail du CIT) – en jaune, la position des 5 lampadaires renversé ; en rouge, la trajectoire officielle, en bleu la trajectoire nord mise en évidence par le CIT

 

… et une idée du point de vue sur le Pentagone depuis la route 27

 

Capture d’écran de USA Today Parade - photo du CIT Jason Ingersoll – 29/09/2001

 

Le tableau suivant présente les témoignages de ces employés et analyse certaines contradictions. Il est important de préciser que la plupart de ces contradictions peuvent être mises sur le compte de la reconstruction post traumatique ou de simples imprécisions. Mais leur concentration, pour les employés du même journal est cependant troublante.

 

Joel Sucherman

Sucherman, comme son collègue Mike Walter, a également recours à des métaphores suggestives, qui ne sauraient cependant être utilisées pour démontrer la thèse du missile.

Sur E Week Dans l’un d’entre eux, il décrit plus loin : « Il allait à une vitesse élevée, mais pas à un angle abrupt – presque comme un missile à guidage thermique »

Sur CNN :

- « Il arrivait en hurlant au-dessus de l’autoroute, la route 110 »

- Est-ce que c’était un avion commercial ? Savez-vous combien de moteurs ?

- Je n’ai pas vu les moteurs. J’ai vu le corps et la queue ; c’était un avion argenté avec les marques distinctives de long des hublots qui m’ont fait penser qu’il s’agissait d’un avion d’American Airlines, ce n’était pas un avion commercial, c’était un avion plus gros que ça. »

Sucherman donne des précisions sur la taille de l’avion probablement car des témoignages contradictoires circulaient alors. Cependant, il se trompe sur un point : la route 110 passe au sud du Pentagone et n’était sur aucune des trajectoires possibles de l’avion. Une erreur aussi importante, pour un habitué des lieux est étonnante mais peut s’expliquer par l’émotion.

Interviewé par le CIT (7’30’’): « Vient de passer sous la Interstate 396. Je l’ai vu à travers mon pare brise […]. Je dirais que le Pentagone est à 2 :00 . Donc, je le vois venir à travers mon pare brise, et ensuite, je regarde à travers le coté passager et je vois la collision avec le Pentagone. Il n’y avait pas d’arbre du tout. J’ai vu l’impact. »

L’indication d’angle permet de situer sommairement Sucherman sur la chaussée. Selon le CIT, sa position ne pouvait pas lui permettre d’assister à l’impact. Selon cette analyse, l’interprétation du CIT est biaisée.

Sucherman a également mentionné l’arrivée d’un autre avion quelques minutes après, probablement le C130.

 

Richard Benedetto

 

Sur The Hartford Courant/Digipress (lien introuvable)« …(il) était sur trajet vers son lieu de travail, roulant sur l’autoroute qui longe le Pentagone […] L’avion vola au dessus de ma tête »

puis :

« L’avion descendit et en une seconde, il était en dehors de mon champs de vision, parce qu’il y avait un pont ici et une colline… En fait je n’ai pas vu l’impact »

Quel pont et quelle colline ont pu gêner Benedetto ? Il était censé avoir une vue imprenable sur le Pentagone.

 

Vin Narayanan : journaliste

 

« Le trafic était inhabituellement dense ce matin là.[…]. A 9h35, je roulais le long du Pentagone. La circulation était bloquée, j’en cherchais la raison du regard. Puis j’ai regardé sur ma gauche et ai vu un jet AA volant droit sur moi. L’avion rugit au-dessus de ma tête, à 7m au-dessus de ma tête. La queue de l’appareil a coupé le panneau de sortie au-dessus de moi […] « Narayanan a également signalé le C130.

 

Mary Ann Owens : assistante

Donna 2 interviews :

Sur Delaware Online(page supprimée) :

« L’avion frappa le Pentagone dans l’aile ouest. L’impact fut assourdissant. Le fuselage toucha le sol et explosa » « Ce dernier détail relève t-il de la reconstruction ? Comme il est démontré au paragraphe 5.6.1, si quelques traces d’impact pouvant être imputées aux réacteurs sont visibles (sur un muret et sur un générateur), il est clair qu’aucune trace n’a été retrouvée sur la pelouse.

Sur ThisislocalLondon (page supprimée):

« Agrippant le volant de ma voiture qui tremblait, j’ai involontairement plongé alors que l’avion passait au-dessus de ma tête dans un grondement de tonnerre. Une fois qu’il fut passé, je me suis légèrement relevée et j’ai grimacé en voyant l’aile gauche écorcher la zone d’hélicoptère juste avant que le nez ne rentre dans la façade »

Si la vitesse finale de 850km/h fournie par les boîtes noires est correcte, il ne fallait que 1.05 seconde à l’avion pour atteindre la façade depuis son passage à la verticale de l’autoroute. Une durée que manifestement Owens a bien exploitée, ne perdant pas une miette de la scène malgré sa position recroquevillée sur son siège.

 

Bob Dubill : éditeur

« Les roues étaient relevées et j’ai su que l’avion ne se dirigeait pas vers National Airport, dit il. Cet avion était sur le point de s’encastrer dans le Pentagone. Je me suis préparé à l’explosion »

 

[1] Joel Sucherman reconnut dans une interview donnée au CIT qu’il était en retard sur ses horaires habituels.