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L’authentification des corps

Sous l’autorité du FBI, les reste des victimes furent rassemblées dans une morgue temporaire située sur un parking au nord du Pentagone, puis photographiées et réfrigérées [STARS AND STRIPES, 9/17/2001US DEPARTMENT OF HEALTH AND HUMAN SERVICES, 7/2002, PP. A-47QUARTERMASTER PROFESSIONAL BULLETIN, 3/2005].

Puis l’armée, escortée par le FBI, transporta le reste des corps des victimes d’abord au Davidson Army Airfield, près de Fort Belvoir, puis à l’Institut de pathologie des forces armées de la base aérienne de Dover [Delaware] où ils furent autopsiés[1].[AMERICAN FORCES PRESS SERVICE, 9/15/2001;PBS, 9/21/2001SOLDIERS, 10/2001US DEPARTMENT OF HEALTH AND HUMAN SERVICES, 7/2002, PP. C-55]

Des fonctionnaires non identifiés affirmèrent au Times qu’ils s’attendaient à ce que les corps des responsables suspectés pour le 11/9 soient identifiés « par un processus d’élimination » [The Times, 6/10/2001]. Effectivement, cinq restes de corps furent assimilés à ceux des pirates, mais ne furent pas identifiés directement [CBS News, 17/ 08/2002].

Chris Kelly, le porte-parole de l’Institut de Pathologie des Forces Armées (AFIP) qui effectua l’identification des corps des victimes des vols AA77 et UA93[2], déclara que les autorités avaient des réticences à vouloir se séparer des corps des pirates kamikazes : « Nous ne savons pas exactement ce qu’il en sera d’eux, il y a très peu de chances que l’on fasse l’effort d‘atteindre les familles jusque chez elles » [The Times, 6/10/2001]. Il n’expliqua ni pourquoi aucun effort ne serait fait pour localiser les familles des pirates de l’air présumés, ni pourquoi l’AFIP ne serait pas en mesure de faire une comparaison avec les échantillons d’ADN retrouvés à des endroits où les prétendus pirates de l’air auraient vécu et avec les échantillons d’ADN que les familles de certains pirates proposèrent.

 

Cependant, à partir de 2002, une autre version fut présentée. D’après le cimetière National d’Arlington, cinq victimes « civiles » ne purent être identifiées par absence de reste. Il n’est pas précisé si ce chiffre s’ajoute aux 5 corps préalablement non identifiés, et aucune explication n’est fournie pour comprendre pourquoi toutes les victimes avaient été déclarées identifiées.

En 2004,  un rapport de l’AFDIL confirme la première version : l’ADN des pirates aurait été effectivement identifié par élimination et sur certains indices : l’identification de l’origine probable moyenne orientale de l’ADN non identifié (mais 2 d’entre eux pourraient venir d’Europe), un lien de fratrie [ARMED FORCES DNA IDENTIFICATION LABORATORY, 1/2004, PP. 82-84 ]

En 2006, cette phase d’identification fut présentée par le FBI lors du procès de Moussaoui en 2006. Elle incluait celle de deux pirates : Hanjour (restes 132A) et  Moqed (restes 868). Pour ce qui concerne Salem et Nawalf Al Hazmi, il n’y eu pas d’identification formelle : les restes de deux victimes du Pentagone dont les analyses ADN révélèrent un lien de fratrie apparent (restes 132 , 1324, 318, 1066) furent automatiquement attribués aux frères Al Hamzi, dont la carte d’identité a également été opportunément retrouvée encore lisible dans les décombres.

 

Passeport d’AlHamzi – exhibit number P200045 – Pièce à conviction présentée au procès de Moussaoui

 

Le cinquième pirate, Khalid Al Mihdar n’est pas identifié sur le document du FBI, mais devrait logiquement être associé au reste 325, non identifié.

Seuls 2 des 5 pirates ont donc été directement identifiés, les autres l’ayant été par élimination et sur la base d’un soupçon de filiation.

Position des restes des victimes dans le Pentagone – animation présentée par le FBI au procès Moussaoui en 2006

 

D’après Newsweek, les traces ADN ayant servi à l’identification proviendraient des indices relevés sur la route des pirates les jours précédant les attentats. Cela est donc contradictoire avec les premières déclarations officielles qui n’affichaient pas l’intention d’identifier directement les preneurs d’otages.

 

Ces identifications ne sont cependant pas assorties de chaîne de traçabilité, présentant le mode d’échantillonnage, les listings des analyses, les noms des techniciens en charge, etc. [3]. Aucune preuve n’a donc été apportée pour démontrer que l’ADN analysé a réellement été prélevé sur le site de l’attaque, comme le préconise le DNA Initiative.

De plus, l’ADN est une molécule organique très fragile qui peut facilement être dénaturée par des températures de moins de 100 °C pendant quelques minutes. Leur utilisation pour analyse a paru étonnante à certains qui l’ont rapprochée des explications au sujet de l’absence de débris d’avion dans le Pentagone faisant appel à des températures très élevées ayant vaporisé la structure de l’avion sur la température. Des incendies qui font disparaître un avion, mais qui préservent des acides nucléiques instables ?

En revanche, la résistance de l’ADN est cohérente avec la présence de restes humains non carbonisés présentés aux procès de Moussaoui. Les défenseurs de la version officielle ont d’ailleurs fait remarquer que les processus de crémation de corps doivent dépasser 1000 °C pendant 90 minutes pour consumer ou évaporer toute la matière organique. Cela fut-il le cas au Pentagone ? De plus, ils se réfèrent à un incendie survenu dans un tunnel en Australie, dont la température atteint 1000 °C et qui fit fondre le plancher d’un train, apparemment sans empêcher l’identification des corps[4].

 

 

[1] cette attribution a suscité un certain étonnement : il semblerait que le service d’examen de Virginie aurait dû être mandaté pour l’autopsie puisque la grande majorité des victimes étaient civiles et non militaires, mais un ordre venant du département de la Justice et relayé par le FBI modifia les procédures habituelles

[2] qui s’écrasa à Shanksville après qu’un groupe de passager, selon le récit officiel, se seraient rebellés

[3] En termes pratiques, une chaîne de traçabilité (« chain of custody ») est l’ensemble de la documentation et des témoignages qui prouvent qu’une pièce à conviction n’a pas été altérée ou falsifiée d’une manière ou d’une autre depuis qu’elle a été obtenue. Cela est nécessaire à la fois pour s’assurer de son admissibilité dans le cadre d’une procédure judiciaire et s’assurer de sa validité en tant que preuve lors des enquêtes préliminaires. « Prouver la traçabilité est nécessaire pour “jeter les bases” de la preuve en question, en montrant l’absence d’altération, de substitution ou de changement d’état. En particulier, la base pour le témoignage d’une preuve tangible réside dans le fait que les pièces à conviction soient identifiées comme étant réellement dans le même état que lorsqu’elles ont été saisies, et dans le fait que la pièce est restée dans cet état tout au long d’une chaîne ininterrompue de traçabilité. (Free Online Law Dictionary)

[4] cependant, la durée pendant laquelle la température fut atteinte n’est pas précisée. De plus, l’article n’affirme pas explicitement que les analyses ADN ont fonctionné, indiquant seulement que “les restes devraient nécessiter des analyses ADN, et que cela prendrait au moins trois jours pour obtenir le résultat de chacun