Qui a vu quoi ? la foire aux témoins
Parmi les recensements de témoins du choc d’un avion contre les lampadaires existant, celui d’Arabesque est le plus complet. Il recense 22 témoignages relatifs à l’arrachement des lampadaires ou autres objets par l’avion.
Les interrogations sur la possibilité même que les lampadaires aient été réellement frappés par l’avion nous conduisent à nous intéresser directement à chacun de ces témoignages. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur la liste réalisée par Arabesque, et par sa critique formulée par Craig Ranke, du CIT, sur ce forum.
Le sujet de la polémique qui oppose ces deux membres du « mouvement pour la vérité » repose sur la qualification donnée aux témoignages. La liste réalisée par Arabesque ne présente pas de travail critique sur leur crédibilité et sur leur pertinence à supporter l’affirmation selon laquelle l’avion en approche a effectivement heurté les lampadaires.
Or, Ranke affirme avec raison que parmi les 22 témoignages, un grand nombre ne peuvent pas être versés à l’appui de cette affirmation, par exemple :
- Les témoins qui n’étaient pas présents ou pas en mesure de voir la scène, selon leur propre aveu (5 témoignages)
- Ceux dont le témoignage est par ailleurs trop incohérent pour être retenu (4 témoignages)
Citons par exemple le cas de Noel Sepulveda dont le témoignage, hautement fantaisiste, a été traité ici.
Même s’il décrit avec conviction l’impact de l’avion sur les 2 premiers lampadaires (rien en revanche sur les 3 derniers), les nombreuses incohérences dont il est émaillé disqualifient complètement ce témoin.
Signalons également le cas du Père Mac Graw, membre de la discrète et controversée Opus Dei, anciennement avocat au Ministère de la Justice, qui fut ordonné prêtre 3 mois avant le 11/9. Celui-ci déclara :
L’avion heurta le haut d’un lampadaire juste avant d’arriver sur nous, blessant un chauffeur de taxi, qui était juste à quelques mètres de ma voiture. “Je le vis s’écraser dans le bâtiment.
Plus tard, Mark Faram, le photographe de la Marine, auteur de la photo qui fait l’objet du chapitre 5.5.2, observait Mc Graw franchir le rail de sécurité [1].
Interrogé par le CIT, Mc Graw modifia cependant sa version expliquant qu’en fait, il n’avait pas vu le lampadaire être renversé sur la voiture de Lloyd England, mais qu’il avait reconstitué la scène après coup, en voyant le lampadaire à terre.
Enfin, cette analyse n’a pas inclus le témoignage de Lloyd England, témoin hautement controversé, qui sera traité au chapitre suivant.
Parmi les témoignages ne présentant pas d’incohérence (18 au total), certains n’ont toutefois pas le même poids que d’autres, pour les raisons suivantes :
- Leur témoignage a été inséré dans le récit du journaliste, et n’est pas directement rapporté (6 témoignages)
- Leurs auteurs n’ont pas réellement vu la scène de l’impact, mais l’ont reconstituée d’après les informations qui leur ont été apportées après coup, ou par le simple fait que la présence de lampadaires tordus sur le sol ne pouvait pas, à ce moment là, être imputée à autre chose qu’au passage de l’avion (9 témoignages, dont celui du père Mac Graw)
Pour documenter cet aspect, signalons que les interviews menées par le CIT auprès du sergent Brooks, de Penny Elgas et de Joe Sucherman, ont permis de confirmer directement que leur témoignage avait été reconstitué.
Au final, que reste-t-il ?
Sur les 22 témoignages d’Arabesque (qui tient la liste la plus complète connue actuellement), seuls 6 sont cohérents et viennent de témoins ayant directement vu l’impact de l’avion et des lampadaires.
Parmi ces 6 témoignages, seuls 3 sont directement rapportés, ceux de Mary Ann Owne, qui travaille pour USA Today, d’un officier de la Marine anonyme et de Wanda Ramey, chef de patrouille au Defense Protection Service.
L’analyse de Ranke conclut quant à elle que seul ce dernier témoin peut être utilisé pour démontrer que l’avion a bien renversé les lampadaires.
Il nous semble cependant que cette analyse est un peu trop pénalisante. Elle occulte de plus le fait que même si de nombreux témoignages sont indirects, on a ici de nombreux éléments qui semblent montrer que l’avion s’approchait à une altitude suffisamment basse pour qu’on ait pu croire qu’il était en mesure de percuter les lampadaires, soit 6 mètres au plus.
Signalons également qu’aucun témoignage de lampadaire n’a été réalisé le jour même. Ça n’est que le 12 que l’information relative aux lampadaires a commencé à être diffusée dans la presse. De plus, aucun témoignage ne cite 5 lampadaires.
Comment réconcilier ces témoignages avec les nombreux éléments déduits des boîtes noires et des trajectoires d’approche ? Cela reste encore un mystère complet… une façon tentante serait de considérer que les 14 témoignages d’une trajectoire basse sont des manipulations, ou des totales reconstructions a priori.
Le tableau suivant reprend l’intégralité des témoins de l’arrachement des lampadaires, hormis ceux du Père Mac Graw et de Noel Spulveda qui ont été abordés plus haut.
No | Témoin | Témoignage | Argument du CIT | Commentaire |
1 | Mark Bright. Officier de police du Pentagone | « Il était très très bas – à la hauteur des lampadaires. Il en heurta certains » | N’affirme pas directement avoir vu l’impact. | Si le témoin ne décrit pas formellement l’impact et pourrait en effet l’avoir reconstitué a posteriori, il est suffisamment précis pour ne pas être écarté si facilement |
2 | Elliott, Bruce, responsable munition | «Il dit que l’avion heurta un mat guidage de câble » | Il ne dit pas que l’avion a heurté des lampadaires, mais un mât de guidage de cable.
De plus, l’article d’origine n’a pas cité directement Elliot sur ce point, mais sur l’inclinaison et l’accélération de l’avion
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Aucune référence effectivement au lampadaire.
Quoi qu’il en soit, ce témoin confirme que l’avion était à très basse altitude, probablement trop bas pour passer au-dessus du bâtiment. |
3 | Penny Elgas | Penny s’arrêta en voyant l’avion descendre et heurter un lampadaire près d’elle | C’est le journaliste qui l’affirme, et non Elgas directement | Le journaliste en question était du Centre d’Histoire Américaine du ministère de l’éducation. Son impartialité pourrait être effectivement soupçonnée.
Le témoignage d’Elgas présente de plus certaines incohérences traitées ici . |
4 | Lee Evey, responsable du programme de rénovation de l’aile ouest | « l’avion approcha du Pentagone, heurtant un lampadaire, une antenne de voiture… Il heurta quelques lampadaires sur sa lancée » | Lee Evey n’est pas un témoin direct. Il était chez lui au moment de l’attaque | Evey ne fait effectivement que répéter la version officielle qui lui a été présentée entretemps, et n’apporte aucune information indépendante. |
5 | Don Fortunato
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A coté de moi il y avait un taxi de DC, le pare-brise défoncé par des débris de lampadaires. Il y avait des débris d’avion partout sur l’autoroute, des pièces d’ailes je crois. ». [MSNBC] | Fortunato n’a pas vu l’impact sur le lampadaire, mais seulement la scène finale | Fortunato n’est effectivement pas un témoin de l’impact sur les lampadaires |
6 | Kat Gaines | “[elle vit] un avion de ligne à basse altitude frapper le haut de mats téléphoniques proches »
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Gaines était sur la route 110, à l’opposé de la façade ouest et incapable de voir la scène. De plus, elle n’est pas citée directement. Enfin, il ne s’agissait pas de mats téléphoniques. | Gaines était effectivement à au moins 900 m des lampadaires, et leur tournait le dos. Comment peut-elle avoir vu quoi que ce soit ? |
7 | Afework Hagos, programmeur chez Nextel | Afewoork Hagos, un programmateur informatique, était en route vers son travail, coincé dans un embouteillage à proximité du Pentagone quand l’avion passa au-dessus. « il y eu un énorme vrombissement et je sortis de la voiture alors que l’avion nous survolait. Tout le monde s’enfuit dans différentes directions. Il basculait ses ailes de bas en haut comme s’il essayait de s’équilibrer. Il heurta quelques lampadaires sur son chemin » [The Guardian ; 12/09/2001 | Rien ne montre qu’il ai vu lui-même et directement l’avion heurter les lampadaires. Doute sur l’existence même de cette personne. | D’où viennent ces doutes sur l’existence d’AH ? Contradictions mises en évidence plus haut et ici |
8 | Tom Hovis | « [L’avion a volé] au-dessus du Ft Myeren dégommant des arbres et des lampadaires près de l’héliport à côté du bâtiment » | Il ne s’agit en aucun cas d’un témoin puisqu’il était au moment de l’attaque dans son bureau à 8 miles du Pentagone. | Ne semble effectivement pas être un témoin direct, rapporte divers propos et analyses. Cependant, il ne semble pas possible d’affirmer à 100% que Hovis était bien dans son bureau au moment de l’attaque. |
9 | Don Mason, ouvrier de rénovation du Pentagone | « Il regarda l’avion heurter l’antenne du véhicule juste derrière lui. Il heurta aussi 3 lampadaires entre lui et le bâtiment » | Selon le CIT, Mason ayant été cité par le rapport de l’ASCE, il est suspect de collusion avec la version gouvernementale. De plus, il n’a pas directement affirmé qu’il ait vu l’impact sur les bâtiments | La suspicion du CIT n’est pas appuyée sur des éléments concrets.
En tant que tel, ce témoignage ne présente pas d’incohérence, même s’il pourrait avoir été influencé. |
10 | Kirk Milburn, chef de chantier
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« J’ai entendu un avion. Je l’ai vu. J’ai vu des débris voler. Je pense qu’il était en train de frapper les lampadaires » (WP ; 11/9) | Milburn n’était pas en position de voir la scène. Il n’est donc pas un témoin direct et ne peut pas être compté. | Le témoignage de Milburn n’apporte effectivement aucun élément concernant les lampadaires. |
11 | Terry Morin (source disparue) | « Comme l’avion s’approchait du Pentagone, j’ai vu un petit flash (plus tard, j’ai compris qu’il avait emporté un lampadaire de la route 110 ») | Morin était situé dans la Navy Annex, et ne pouvait voir les lampadaires. Il n’est donc pas un témoin direct | Terry Morin n’est effectivement pas un témoin direct. Il ne fait que répéter ce qui a été dit. Son témoignage a déjà été traité ici |
12 | Narayanan, Vin, reporter à USA TODAY | « La queue de l’avion heurta le panneau de sortie au-dessus de ma tête » | Narayanan ne fait pas référence à un lampadaire, et ne prétend d’ailleurs pas avoir vu la scène qu’il décrit | Narayan n’est effectivement pas un témoin direct de l’impact. Cependant, si son témoignage est honnête, il confirme que l’avion était à très basse altitude, suffisamment pour donner l’impression qu’il ait pu heurter un lampadaire |
13 | Mary Ann Owne, travaille à USA TODAY | « Les lampadaires se renversèrent comme l’avion dévasta quasiment le pont sur la 395” | Owne, qui fait également partie de USA Today ne prétend pas avoir vu directement le choc sur les lampadaires | Encore une fois, le CIT a formellement raison, mais il ignore l’implication du témoignage de Owne sur la très faible altitude de l’avion |
14 | Inconnu | « De l’autre coté, 3 lampadaires ont été à moitié renversés par les ailes de l’avion à 4 ou 5 mètres au-dessus du sol. Un moteur a frappé l’antenne d’une Jeep Cherokee 15 coincée dans le trafic non loin de là ». | Ce témoignage n’a pas été référencé par Arabesque. Il n’est donc pas possible de le confirmer. De plus, la 3ème personne employée prouve qu’il ne s’agit pas d’un témoignage direct. | La possibilité qu’un moteur frappe une antenne de voiture prouve sa très grande proximité ; Pourquoi aucun témoignage ne mentionne l’effet de souffle qui aurait dû se produire ? |
15 | Wanda Ramey – source introuvable
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« …Ramey, une chef de patrouille au Defense Protection Service a eu une vue plongeante. Elle se tenait au stand du Mall Plaza, lorsqu’elle vit un avion volant très bas. « J’ai vu l’aile de l’avion heurter le lampadaire, et cela a dévié l’avion. Puis l’avion a accéléré et s’est crashé sur la partie ouest du building » MDW News (Military District of Washington)
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Ce témoignage est recevable selon le CIT. La bonne foi du témoin n’est pas remise ici en question. Cependant, Craig Ranke suggère que Ramey aurait pu, au même titre que Chad Brooks déclarer avoir vu ce qu’elle a uniquement déduit après coup | S’il est difficile de positionner Ramey, il semble qu’elle se situait au sud de la 395, soit à plus de 500 m des lampadaires. |
16 | Steeve Riskus | « Il frappa quelques lampadaires sur sa route » | Riskus ne prétend pas les avoir vu | Même remarque : le CIT élimine ce témoignage trop facilement. Cependant, Riskus est un témoin controversé par ailleurs. |
17 | Joel Sucherman, journaliste à USA Today | « Il y avait des lampadaires à terre » | Sucherman n’a pas non plus vu la scène directe. Le CIT, dans une interview ultérieure | L’aveu de Sucherman est en effet suffisant pour l’éliminer des témoins directs. |
18 | Mike Walter, journaliste à USA TODAY | « Il tourna et arriva en face des véhicules et il heurta l’un des lampadaires »
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Le CIT a également rencontré Mike Walter (sans enregistrement). Lors de leur cet échange, Walter leur a confirmé ne pas avoir vu l’avion heurter les lampadaires | Du reste, les tergiversations de Walter n’en font pas un témoin crédible. |
19 | Rodney Washington dans le Boston Globe | “The plane was flying low and rapidly descended, knocking over light poles”.
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Washington n’a pas prétendu avoir assisté à la scène qu’il décrit. | Le journaliste a mêlé récit direct et indirect, ce qui ne permet pas de savoir si Washington prétend avoir vu les lampadaires. |
20 | Officier de la Marine anonyme | ”Je le vis heurter un lampadaire”
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L’absence de nom et de source ne permet pas de considérer ce témoignage comme valable |
[1] La chronologie pose cependant un sérieux problème. Faram a déclaré avoir mis 10 minutes pour se rendre sur les lieux de l’attentat, alors que dans l’article du ministère de la Defense dans lequel Mac Graw décrit son expérience, on apprend que Faram a vu Mac Graw franchir la barrière pour se diriger vers la pelouse où il se mettra rapidement à prier. Or plus loin, l’article mentionne qu’en 45 secondes, Mc Graw était sur la pelouse pour fournir un réconfort spirituel aux blessés (timing qu’il confirmera au CIT), ce qui est incohérent avec le délai de 10 minutes mis par Faram pour arriver.